Le Ventre de Varan

Le ravin de Chalavreu, théâtre d’un écroulement de 50000 m3 en 1993 sous l’Aiguille de Varan, est le lieu le plus incroyable de la commune de Passy. Il est situé au dessus du chemin rural de Lachat d’en haut, dans le lit du dangereux torrent de Reninge. Les pentes sévères qui l’entourent donne l’impression d’être dans le ventre de l’ogresse de Varan. L’été on traverse un dédale de blocs pouvant mesurer jusqu’à 10 mètres de haut mais là la pente est lisse et remplie de neige.

Ce lundi, j’ai hâte d’aller redécouvrir l’arête de Chalavreu que ma femme Magali à parcouru hier en boucle en versant E. Je choisi un itinéraire différent, par l’ouest, presque le même que lors de la course K2VGFD. En remontant depuis le Coudray, je jette coup d’oeil sur la Chena du Pebu encore remplie de neige. Un petite connerie vient me rappeler que la montagne bouge et reste dangereuse, même avec toutes les précautions du monde. En effet, je descelle un beau rocher en coupant dans la forêt pour éviter un névé à proximité de la Zéta. J’ai le bon réflexe de retirer rapidement les jambes de l’axe de la chute mais celui-ci parvint quand même à me chatouiller les orteils. Après vérification du panard amoché, je décide de continuer l’aventure.

Je mets rapidement les micro-crampons que Bram Van Heugten m’a offert, des Grivel « Ran » assez légers mais avec des pointes plus longues que sur nos Snowline favoris (modèles Pro, Light ou Trail). On peut encore les classer dans la catégorie « micro-crampons » avant le changement de catégorie vers de « vrais » crampons. Il se portent parfaitement sur de simples baskets. En l’occurence, j’ai des Sportiva Bushido aux pieds ! Je me muni d’un piolet technique pour augmenter l’accroche et compenser la souplesse de l’ensemble basket-crampons.

6.84 km 811m d+

Ce jour, le risque d’avalanche est à 1 sur tout les versants et à toutes les altitudes sans augmentation durant la journée. Cependant, j’entends et je vois quelques « missiles » voler sur la rive droite du ravin. Le dégel engendré par les premiers rayons du soleil fait éclater les pierres.

En raison de l’exposition, de la dureté de la neige et des crampons dont j’ai atteint la limite technique, je choisi de ne pas faire la fameuse traverse de Chalavreu qui permet une liaison horizontale « à niveau » en rive gauche. Cependant, je décide de grimper directement au sommet de l’arête par un névé très raide finissant par un passage scabreux en terre gelée au début puis boueuse en raison du réchauffement du soleil sur sa partie finale !

Au sommet, je savoure l’ensoleillement et cette arête si esthétique de Chalavreu. Je me laisse glisser à la ramasse pour atteindre tranquillement le refuge de Varan bien heureux par ce petit périple. La technicité de la sortie ne s’arrêtera pas là ! Je profiterais d’être ici pour reconnaître le passage de Nant Cruy en descente et finirait la balade en découvrant un magnifique fossile !

Trace gpx, itinéraire C2C