Le refuge de Varan par le passage de Nant Cruy

Refuge de Varan
Au coeur du trésor caché

C’est la reprise ! Les séances collectives ont démarré ce mercredi 5 septembre dernier. Le passage de la Gorge de Nant Cruy qui mène au refuge de Varan était au programme. Ce passage a suscité beaucoup d’émotions et de paradoxes parmi les participants. C’est une immersion dans un monde inconnu à quelques mètres d’un endroit familier.

9 participants et 2 encadrants étaient présents. A noter la présence de Guillaume Abry (8ème du Nivolet Revard 2018, 4ème de la XL Race Salomon Gore-Tex, 39ème du 90 du Mont Blanc). Guillaume est journaliste au Dauphiné et est venu interviewer Magali en immersion au cœur de la pratique du groupe.

Notons également les présences de Bram et Magali en forme malgré un week-end chargé : Traversée Nord de l’Echappée Belle 85 km 6000m d+ pour Bram et UTMB pour Magali.

Ce passage mystérieux de Nant Cruy ne peut se réaliser que par torrent asséché. Il a été découvert par François Lachaux en 2016 puis largement développé par Passy Alpirunning.

Aucune histoire locale encore connue ne raconte le passage de personnes par cet itinéraire. Le seul récit raconté par un des propriétaires du village de Varan, dit que des paysans étaient seulement allés récupérer du bois tombé dans la creuse situé sous le refuge. Ils appelaient ce secteur « La Crotte du Diable.

En 2017, Patrice Ducoudray, un montagnard passionné habitant de Bay à Passy, a équipé le sommet du premier mur d’un relais et de spit. A noter qu’un relais peut se faire sur arbre en haut du second mur. Durant l’hiver 2018, le torrent de Nant Cruy est sorti de son lit sans doute en raison d’un bouchon de neige en amont, propulsant une lave torrentielle à travers la forêt. Le sentier balcon qui relie Le Coudray au Plateau d’Assy avait été fermé.

Les difficultés de ce passage sont nombreuses. Il faut déjà réussir à atteindre la gorge dans la forêt dense par endroit. Remonter le torrent est un vrai combat. Suite à de nombreux essais, l’itinéraire le plus simple remonte en rive droite en s’éloignant du torrent puis en revenant au premier mur. Des cairns ont été installés. Ensuite il faut déjà réussir la petite escalade au cœur du lit du torrent d’un ressaut très court situé à 20 m du premier mur (une corde est en place). L’escalade du mur suivant est possible en libre mais très exposée. Elle a déjà été réalisée plusieurs fois en libre, puis en moulinette puis en remontée sur corde fixe. L’itinéraire le plus ludique et sécuritaire pour un groupe est le contournement par la gauche du premier mur dans une pente raide puis, par un traverse cependant exposée revenant au cœur de la gorge, par un contournement à droite du second mur. A noter que François avait installé le matin même une moulinette de 30m sur le premier mur à des fins pédagogiques et explicatives. Cette moulinette  a été réalisée avec une corde de 70m sur relais 2 clous (2017), qu’il a protégés par un troisième clou.

La minute géologique est consacrée à l’observation d’un fossile d’ammonite que nous avons précieusement mis en évidence tel un tableau dans un coin protégé de la gorge.

Le troisième mur plus court se remonte en escalade en opposition mais peut se shunter juste à côté à gauche. François a mis une autre corde lors de la reconnaissance du matin. La sortie de la gorge se déroule dans un pierrier. Plus haut les possibilités de sorties dans la pente herbeuse sont multiples. C’est celui le plus direct le plus ludique. On sort du pierrier en remontant un couloir très raide constitué de piles d’assiettes faisant des marches étroites. Les plus blanches et usées par le torrent sont les plus solides. Toute l’escalade se réalise en pinçant les prises. Chacun a pour consigne de vérifier ses prises sans cesse sans tirer les tiroirs ! La sortie finale est dans la pente herbeuse raide. On traverse le chemin du refuge pour aller au petit promontoire situé à côté.

« On ne va pas ici d’abord vers des lieux célèbres, de grand spectacle. On vient découvrir une montagne discrète, modeste et profondément attachante, pour peu qu’on prenne le temps d’aller au gré des combes secrètes, d’épouser contours et détours, d’apprivoiser coins et recoins et de traverser forêts, pierriers et alpages pour monter embrasser les horizons. Ainsi, par ces liens tissés peu à peu et pas à pas, on s’en vient doucement à faire corps avec un pays, ses chemins et cheminements, son histoire et ses histoires ; à s’enraciner insensiblement et intimement au cœur des trésors cachés d’un terroir montagnard authentique… »  Patrick Gabarrou

Durée (1h58, préparation du matin 3h19) Distance 3,96 km Dénivelée 529m d+

Itinéraire

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