La Petite Trotte de Passy Plaine Joux

Je dédie cette vidéo à mon équipier de luxe, le guide Olivier Daligault ! Olivier est une véritable force de la nature, fort grimpeur, avec un goût certain pour la randonnée alpine « à chamois ». A 52 ans il vient de réussir son CAPES et enseigne dans le privé. Nous avons eu la chance de le rencontrer ainsi que ses deux fils, grimpeurs de haut-niveau. Victime d’une chute à ski de 700m dans le couloir des cosmiques en mai 2020, Olivier est un miraculé de la montagne. Son retour à la montagne est purement incroyable malgré des séquelles en voie de rétablissement.

Je dédie également cette vidéo à un autre homme qui compte beaucoup pour le groupe, Michel Leclaire 77 ans, qui en 1958 lorsqu’il avait 16 ans, a gravi l’itinéraire du couloir de la Ratelière avec son père.

Michel nous a écrit une lettre manuscrite émouvante en 2019 qui raconte son histoire à Servoz et qui nous explique que nos sorties alpines ont ravivé ses souvenirs même si certains demeurent impérissables !
Voici quelques mots du carnet de course de Michel Leclaire au sujet de son ascension du Couloir de la Ratelière en 1958 :

« Départ du lac, le mont, fieugerand, chalets du souay, col d’anterne, casse croûte, vers la gauche base du couloir, des rigoles d’éboulis, des murets de roches, toujours dominés par la Pointe d’Anterne, à un moment un « y » et 2 couloirs, mon père prend à droite, on débouche à la brèche de la Ratelière au pied d’une lame de rocher et de la tour anonyme, il est 16h, trop tard pour aller à la pointe donc descente par le Dérochoir en passant par les fossiles du triangles des ammonites, il fait grand beau temps, 19h Dérochoir, descente dans la nuit, 21h Les Ayères, 23h le lac, périple terminé à la pile wonder ! Frayeur de ma mère car à l’époque il n’y avait pas de portable »

Michel LECLAIRE

Nous félicitons également deux membres de notre groupe : Sylvain Bouchard et Mickaël Holvoote qui ont effectué cette ascension quelque jours avant la nôtre avec sortie à la brèche.

Les itinéraires du couloir de la Ratelière et son couloir voisin de la Dent (à côté des Jumelles) sont avant tout des « retours d’escalade » historiques des premiers grimpeurs des Fiz. Nous nous sommes imprégnés avec délice de ces lieux majestueux et de leurs histoires. L’envie de revenir ici avec nos autres équipiers est décuplée.

Après deux reconnaissances par le bas et le haut, mon but avec Olivier était de compléter mes connaissances sur la mise en place de relais pour amener d’autres personnes à découvrir ce lieu en toute sécurité, ce qui va être prochainement fait; et plus généralement les lieux magiques que nous connaissons. Nous avons aussi pour but de réinvestir nos connaissances sur la mise en place de relais auprès des membres de notre groupe. Nous avons donc étudié et testé les différentes variantes de montée et les axes des rappels. Lorsque l’un grimpait à droite l’autre grimpait à gauche, puis échangions sur nos itinéraires pour établir le plus efficace. Nous avons mis en place 4 relais triangulés sur pitons en cas de demi-tour ou pour assurer un second même si l’escalade n’excède jamais le 2/3. Nous conseillons en cas de demi-tour un « escaper » et une corde de 60m pour la plus grande des cheminées (pour ceux qui maîtrisent son utilisation) ! Sinon deux cordes de 60m sont nécessaires. A noter que nos relais ne sont pas équipés de maillons rapides donc il est nécessaire de prendre au minimum un mousqueton si moulinette. Le cheminement est plutôt rectiligne malgré un décalage à gauche avant la grande cheminée de 60m. Ensuite ne pas s’engager à droite vers la brèche de la Ratelière (bien que la sortie soit plus facile malgré les éboulis) mais sortir tout droit au sommet de la Pointe de la Ratelière. Seule la dernière courte cheminée n’est pas équipée de relais à son sommet mais l’assurage peut se faire à l’épaule pour le second si problème ou sur sangle. Toute la désescalade du couloir est préférable en rappel. L’axe des rappels évite les éboulis, je les ai tous réalisé avant de remonter ! Tout le couloir peut se grimper en libre comme nous l’avons fait mais avoir son baudar et du matériel est primordial, notamment le casque ! Le rocher est plus sain que sur l’arête sud de la Pointe de Platé par exemple. Tout est relatif mais l’escalade est bien moins dure que celle des 2 cheminées de Nant Cruy sous le refuge de Varan. L’itinéraire est sauvage mais ouvert et lumineux a comparé du couloir NW du Sautet, bcp plus austère ! La Pointe de Platé est le dernier des 7 sommets de la ligne que nous avons tracé avant hier sur le fil des Fiz après notre ascension de la Ratelière par son couloir est. On s’est même payé un beau final en descendant la magnifique arête sud du Motet. A noter qu’Olivier m’a également aidé à améliorer les 3 relais triangulés sur pitons avec maillons rapides que j’ai installé la semaine dernière et qui nous ont permis de descendre (et permis de faire passer un collègue lors d’une autre sortie).

Zone de Sensibilité Majeure pour le Gypaète

Une ZSM où la pratique de toute activité est déconseillée se situe entre la Ratelière et Anterne. Cependant cette zone n’a pas été mise à jour car il n’y a eu aucune nidification sur le secteur cet hiver. Seuls 3 poussins sont nés en Haute Savoie et ont pris leur envol : un au bargy face sud, un à sixt à l’W de la cascade du Rouget, un à Areu dans le passage de Nantcheret sous le refuge de vormy. Malheureusement un 4ème poussin est mort au printemps au bargy face nord. Il semblerait que la population de gypaète baisse encore. Soyez vigilant et éviter ces zones lors de la nidification.
Infos : ASTERS GYPAÈTE CEN74

https://youtu.be/I07uVvaw6r4

Itinéraire C2C