Pointe de Bella Cha

Traversée Nord Sud
François Lachaux – 18 septembre 2020

La Pointe de Bella Cha est située au nord de la Chaîne des Aravis sur la frontière entre Sallanches et Le Reposoir. On l’observe parfaitement depuis Sallanches. C’est une montagne peu fréquentée en comparaison avec la Pointe Percée ou la Pointe d’Areu. Son accès est beaucoup plus sauvage que pour ses fameuses voisines.

J’ai réalisé cette sortie depuis le Reposoir après le travail. J’ai fait mon chemin à l’azimut comme d’habitude, découvrant ainsi une magnifique gorge juste au-dessus du GR96 qui relie l’alpage de Méry au Col des Annes.

Je suis passé ensuite par la Pierre du Mont Blanc et ses autres blocs immenses avant d’arriver au « Trou de la Pierre du Mont Blanc ». Ce trou qui fait de l’œil chaque soir aux Sallanchards. L’escalade est facile mais il faut constamment tester ses prises. Je fais un selfie ! Ça fait bizarre d’être sans ma partenaire à l’endroit que j’observe depuis si longtemps depuis mon balcon.

En marchant sur la crête et m’agrippant au mieux, j’arrive au « vrai » sommet de la Pointe de Bella Cha que je n’ai jamais parcouru. En effet, c’est son antécime W qui est souvent confondue avec le sommet. Une brèche très escarpée les sépare. Alors que je souhaite descendre le beau couloir sud qui donne sur la Combe Marteau, ma curiosité me pousse à réaliser l’aller-retour à l’antécime. Il faut dire que je n’ai jamais été au « faux » sommet de l’autre côté, par la voie normale, hormis en ski par le « triangle du Reposoir » comme beaucoup. Une corde équipe l’arête nord de l’antécime. Elle facilite l’engagement mais n’enlève pas l’exposition au risque ! J’alterne l’utilisation de cette main courante providentielle avec des prises solides entre des rochers instables, de même lors de la redescente.

Une autre corde longue équipe le couloir sud mais elle m’est inutile car c’est du terrain à chamois. Au Col de Combe Marteau je souffle enfin, je suis déjà venu ici plusieurs fois. L’endroit est beau et apaisant. J’évoque peu les paysages mais ils me nourrissent autant que les émotions liées à cette escalade simple et sans intérêt pour les pros de l’escalade mais animale et passionnante pour moi. Je contemple une dizaine de chamois qui traversent devant moi sans m’avoir vu. Je n’ai plus d’eau mais je retrouve la source que je connais au pied en bas de la Combe. Récemment aménagée par les alpagistes lors d’une corvée, c’est elle qui alimente le magnifique bassin du chalet de Combe Marto. Il est tard mais la lumière entre encore par-dessus les montagnes dans l’axe du Col des Annes.

Je rencontre un couple d’agriculteurs venu contrôler les bassins de leurs 50 vaches. Après un premier regard dubitatif dont j’ai l’habitude, j’arrive à leur faire esquisser un sourire. Parler avec les gens durs est ma spécialité ! Ou es-ce l’envie d’aller vers les gens qui à priori semblent fermés ! Peut-être suis je un chat en fait ! Le parcours devient si peu important face à un instant comme celui-ci. Bien que j’ai trimé 8 heures à l’usine ce matin, la vraie vie, c’est la leur !

Nous échangeons passionnément sur la vie de la montagne mais aussi sur le nouveau et énorme refuge de Gramusset qui va être ouvert l’hiver. Ce côté-ci de la vallée est quand même mieux préservé, peut-être aussi que la vie y est plus dure. Il ne reste que quelques minutes de soleil, je rentre en trottinant par Sommier d’Amont et d’Aval.

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