Petit Tour du Village de Platé

Il nous aura fallu beaucoup de patience et d’allers retours à Platé pour comprendre les montagnes qui entourent le refuge. Progressivement Sylvain Dal Cortivo, gardien du Refuge de Platé a ouvert une porte de son cœur en dévoilant quelques secrets du tour du village de Platé qu’il faisait très régulièrement. Fabien son aide gardien aussi !

Combien de choses avons-nous appris en allant au-devant des gens, des gardiens et gardiennes de refuge, des chasseurs et pêcheurs, photographes et de tous ceux qui travaillent à la montagne, des simples paysans, artisans et des gens des offices de tourisme. Nous sommes amoureux de la nature et de la montagne mais nous aimons par-dessus tout apprendre de ceux qui y vivent, des vrais montagnards !

La vulgarisation des anciens chemins des pays du Mont Blanc qui est notre but à pourtant un côté négatif. Le grand public a changé sa façon d’arpenter la montagne. Plus entraînés, plus modernisés, des monchus parviennent facilement à suivre nos topos et notamment nos traces gpx. Auparavant, les passages secrets de chasseurs se transmettaient avec bienveillance et confiance lors de discussions passionnées et bien réelles. Nous sommes conscients qu’aujourd’hui, nous contribuons à ce que les gens apprennent plus sur internet qu’en discutant et pratiquant la montagne, celle des gens, la moyenne ! Mais il n’y a pas de risque moyen en moyenne montagne. C’est tout aussi dangereux même plus qu’en haute-montagne. Observer des personnes sans expérience sur des passages très exposés est de plus en plus fréquent. Nous qui voulions faire plaisir aux gens, constatons avec regret, qu’ils se mettent en danger !

Garder nos connaissances secrètes va pourtant à l’encontre de notre nature véritable. C’est également une lutte impossible contre l’imbécillité. Par contre, maintenir la tranquillité d’une zone de sensibilité majeure pour le gypaète à largement plus de sens. Nous avons donc décidé de continuer à diffuser nos connaissances en améliorant nos mises en garde et expliquant, mieux ou volontairement moins bien, les parcours en fonction de leurs dangers.

Vous l’avez compris, ce Petit Tour du Village de Platé n’est pas à mettre entre toutes les baskets. Il n’a rien de « petit » en fait ! L’engagement est fort. De simples traileurs ne peuvent s’y aventurer sans se mettre grandement en danger ! Du matériel d’assurage est nécessaire. Une grande expérience du cheminement en hors sentier escarpé est requise. On peut dire que ce tour est une véritable course d’alpinisme même si ça doit bien faire marrer les vrais alpinistes (qui ne viennent jamais par-là).

C’est le moment de dévoiler un courrier reçu le 14 février 2019 de Monsieur Michel Leclaire 76 ans. C’est notre plus belle récompense depuis que nous faisons de la montagne. C’est CA que nous cherchons en montagne, des moments intenses, des rencontres, de l’émotion, du plaisir de découvrir et de redécouvrir, de partager ses découvertes même virtuellement. Cela peut réanimer la passion de la montagne à des kilomètres…

Parce que tous ces souvenirs ressuscités par vos vidéos, il me faut les partager avec ceux qui les ont réanimés.

Michel Leclaire

Si nous écrivons c’est aussi pour un montagnard du CAF de Sallanches au grand cœur tout neuf. Il se reconnaîtra évidemment car nous savons qu’il suit attentivement nos modestes écrits. Nous continuerons à faire rêver les passionnés et à écrire ce qui ne s’écrivait pas autrefois.

Belles rencontres et insultes !

Nous partons tardivement à 7h29 de Praz-Coutant. En haut des Egratz, nous rencontrons au même instants de fameux montagnards : Aimé Joly-Pottut 79 ans dit « Mémé » qui redescend de Platé et François Tinjod 73 ans dit « Fanfan » qui y monte avec son petit-fils. Une discussion passionnée entre les 2 hommes a lieu puis Fanfan nous offre le café à Platé. Nous apprenons que Mémé adorait descendre l’arête sud de Platé, c’est dire le niveau du bonhomme. Notre départ du tour du village commence 1h après. Nous montons à la Pointe de Platé par l’arête sud. Nous faisons la rencontre avec Julio Pereihna au sommet. La boite installée par Sylvain est toujours là. Avant d’écrire quelques mots, nous relisons avec bonheur certains messages notamment celui du plus grand alpiniste du secteur Christian Verilhac 81 ans, père d’un de nos membres, Marc Verilhac.

Nous descendons avec Julio par l’arête nord et le passage du Sphinx. Du col du Sphinx nous remontons au sommet du Sphinx. Alors que nous traversons la vire du Sphinx qui rejoint le Col de Portette, nous sommes insultés par des touristes posés sur le chemin, visiblement effrayés par notre cheminement. A peine mettons un pied au col sur le sentier normal que nous remontons illico aux Châteaux de Cran dans la pente à chamois que nous affectionnons tant. Nous sommes toujours avec Julio pour réaliser cette traversée des Châteaux de Cran. La liaison avec le Col des Cristaux par la gauche est impressionnante.

Au sommet nord des Châteaux de Cran, Julio nous quitte pour rentrer. Nous continuons notre balade en direction du Col puis de la Tête de Monthieu. Nous observons de beaux fossiles sur le Désert de Platé. Nous sommes ravis d’observer de jeunes bouquetins se chamailler en allant à la Tête du Colonney. Ay sommet, le plus haut de la balade, nous rencontrons un couple en anorak avec le forfait de ski encore attaché. Nous discutons avec eux..quand même ! Après quelques minutes de tchatche, on apprend qu’ils vivent en Chine, qu’ils ont un chalet à Megève. Leur envie de nous suivre est tellement forte qu’ils nous observent durant toute notre traversée jusqu’au Sautet ! Pour descendre du Colonney, on prend l’option de gauche puis évitons par la gauche les cordes et l’ancrage de plus en plus pourri du saut du « Sautet ».

Nous faisons la crête sud-est du Sautet jusqu’au fabuleux lieu du « Menhir », que nous admirons un bon moment. Une petite arête et un couloir pourri s’en suivent. Nous faisons une désescalade péteuse avant de rejoindre un superbe secteur de dalles gigantesques. Nous reprenons la liaison Barmerousse/Platé pour revenir au refuge de Sylvain et lui raconter notre petite bambée en leur remerciant de nouveau. C’est à ce moment que nous rencontrons Sébastien Talotti, champion de trail, ancien responsable des sentiers de la commune et nouveau gérant du « Talon d’Achille » suite au décès de Jean-Luc Richeux. Nous prenons le temps de discuter avec lui, heureux puis avec Milou Mogeny et sa femme dont la famille a entre autre inauguré le câble transporteur de Platé, disparu depuis 1999 sous le poids de la neige. L’aventure se termine simplement par une redescente sur terre en mode atterrissage tranquille !

19 km 1850m d+ 10h40

Trace gpx et itinéraire camptocamp

GALERIE PHOTO