Le Buet en « style Lachaux » par Marc Vérilhac et Ginou Duclos

Récit de Marc Vérilhac

Ginou et moi connaissons bien le Buet pour l’avoir gravi de nombreuses fois par plusieurs itinéraires mais nous ne l’avions pas refait par Bérard en hiver depuis avril 2016 : c’était en raquettes. Nous décidons de profiter du beau temps, de la neige stabilisée et de le température pas trop glaciale pour tenter l’aventure en « style Lachaux », que nous avons pris l’habitude de pratiquer depuis quelque temps, c’est-à-dire de concilier légèreté et rapidité sans contrevenir aux règles de prudence. Nous montons donc en baskets, avec de petits crampons, sans bâtons, et, pour ce qui me concerne, en short. Le sac est léger mais contient l’indispensable, à savoir vêtements supplémentaires dont une doudoune, gants de rechange, un pantalon à enfiler en cas de froid excessif ou de neige trop dure, quelques aliments et du thé chaud. Je me dis qu’en cas de de situation dangereuse par rapport à la neige, nous ferons prudemment demi-tour.

A 9h30 nous sommes en haut, seuls

Nous partons tôt (6 h 15) pour éviter un ramollissement en début d’après-midi : départ à la frontale du parking du Buet. On est toujours récompensé de partir tôt : nous avons d’abord la lune devant nous, nous entendons le cri de la hulotte, puis les premières lueurs et le lever du jour dans le vallon de Bérard avec l’illumination progressive des sommets. Le petit passage toujours en glace près de Fontaine froide se franchit aisément grâce aux crampons. Il ne fait pas froid, presque pas assez. Cependant la neige travaillée par les passages de skieurs porte bien, sauf vers le haut du vallon de Bérard où elle devient plus fragile et cassante et je me pose des questions sur la possibilité de continuer. Mais ça ne dure pas et dès que nous avons passé la Pierre à Bérard les conditions redeviennent bonnes et les crampons accrochent avec une sensation de ne jamais forcer. A 9 h 30 nous sommes en haut, seuls ; la température clémente permet de faire une pause d’un quart d’heure au sommet sans même avoir à trop se couvrir.  La descente ne pose pas de problème, la neige n’étant pas trop dure pour être dangereuse en cas de glissade ni trop ramollie pour partir sous nos pieds ; elle se révèle même plus facile que ce je pensais.

C’est des tarés

Le premier skieur de randonnée, nous le croisons dans la pente entre l’arête de la Mortine et la Table au Chantre. C’est un Suisse sympathique avec qui nous échangeons quelques propos ; il se demandait quelle était cette trace qu’il avait repérée devant lui…Ensuite nous croisons d’autres skieurs que nous saluons au passage, certains nous répondent, pas tous…Quelqu’un dans un groupe me répond de façon enthousiaste ; par contre en croisant un autre groupe, Ginou entend : « C’est des tarés ! » Elle répond calmement que non, nous ne sommes pas des tarés, mais simplement des personnes qui pratiquons d’une façon différente, tout en faisant attention de ne pas casser la trace de montée des skieurs en courant dessus. Le gars reste coi. D’ailleurs, à propos de trace, la nôtre à la descente est bien plus directe que la trace de montée des skieurs et ne peut en rien les gêner. Les réactions sont donc diverses. En bas du vallon de Bérard des skieurs à la descente nous rattrapent, nous nous écartons en les entendant et ça ne pose aucun problème.

Au passage en glace de Fontaine froide, un skieur occupé à déchausser pour passer avec ses crampons (impossible de faire autrement), voyant que j’arrive vite, propose gentiment de me laisser le passage, ce que je refuse, car ensuite la descente à ski est bien plus rapide. De retour au point de départ à 11 h 30, nous sommes heureux de notre tour.

Itinéraire réalisé le dimanche 24 février 2019 en aller retour depuis le hameau du Buet à Vallorcine en 5h15 (20 km 1700m d+).