Lavaredo Ultra Trail, Cortina d’Ampezzo

Jeudi 21 juin 2018
Nous partons en co-voiturage avec Antoine Prellier, breveté d’état d’éducateur sportif en gymnastique entraîneur de « parKour» (courir, grimper, sauter n’importe où, dixit Antoine lui même) à Passy, Combloux, Megève. Antoine est également vendeur responsable du rayon trail running du Mountain store de Passy
Antoine compte bien sur nous, pour conduire au retour son grand Volkswagen Transporteur. Très confortable, le coffre accepte aussi sans problème les 6 cabas de Magali et le sac de François !

C’est notre 3ème ultra de l’année mais c’est le premier qui ne soit pas une course à saucisson et surtout c’est le premier en format XL ! Pour Antoine ce sera sa première course de l’année.

Nous découvrons que la philosophie d’Antoine est complètement différente de la nôtre. Il est une des rares personnes à ne pas s’entrainer et à faire des ultras. Sa notion d’aller au bout de soi prend une dimension particulière. Là où on donne moins d’importance, il en donne plus et inversement. Il s’applique beaucoup dans les calculs de temps d’effort, de distance et de dénivelée. Sa gestion de l’alimentation est également poussée. L’horaire est le point de stress le plus important d’Antoine. Il doit adapter constamment son avance sur la barrière horaire. Ses prestations en compétitions attestent de ses qualités puisque il est finisher de la TDS et de 3 CCC.

Le voyage est long jusqu’à Cortina. Il y a 700 km dont la plupart que autoroute. A la hauteur de Venise, il fait 34 degré. C’est le moment de remonter vers le nord en direction des Dolomites. La vallée se resserre. C’est austère.
Les nuages s’amoncellent et annoncent une future fraîcheur ! Dès notre arrivée à Cortina, nous trouvons l’endroit superbe, nous cherchons la patinoire olympique où se déroule la remise des dossards. Quelques minutes de formalités et nous repartons vite bien fait vers le camping 3 km plus haut dans la vallée. Notre dîner est écourté par un bel orage.

Nous ne sommes pas pressés, le départ n’est que demain à 23h. Vendredi matin on fait la grasse matinée !
La pluie qui tombe sur notre tente est bruyante au début puis se calme. Cela nous berce.
Il se remet à pleuvoir toute la nuit finalement.

Au matin, quelques gouttes laissent place au beau temps. Le soleil sèche rapidement notre tente. Nous rangeons nos affaires partons du camping pour trouver une place de parking proche du départ de la course. Un instant de terreur vient nous troubler car le dossard de Magali s’est envolé. En traversant la route et il se fait prendre dans la calandre d’une voiture qui l’emmène 500m plus loin avant qu’il se décroche.

Nous visitons rapidement le centre luxueux de Cortina où l’arche de départ y est située en plein cœur face à une magnifique église. Nous faisons notre repas de midi au camion d’Antoine puis allons squatter un parking sous terrain non ouvert aux voitures pour nous poser à l’abris du vent. Réfugiés tel des sdf dans ce parking, nous donnons l’exemple à d’autres. Ce sera un excellent campement dans l’attente du départ à 23h ainsi qu’un endroit parfait pour dormir dans un bon duvet après la course.

Faisant le tour des prévisions météos, nous voyons qu’il va faire beau mais qu’il va aussi faire froid ! Le vent du Nord est assez fort (de 30 à 50 km/h) et les températures prévues vont de 3 degré minimum à 1200m jusqu’à 14 degré maximum à 1200m. La course évoluant de nuit et a 2400m au maxi, nous savons qu’avec le vent et à cette altitude la température sera négative. Nous modifions donc nos prévisions de vêtements de course en remplaçant la micro-polaire obligatoire légère par une plus chaude et en rajoutant un gilet sans manche en polaire ainsi que des gants plus chauds et un bonnet.

La pasta party est déjà une épreuve d’endurance. Nous faisons en sorte d’être en avance pour être servi en premier. Bien nous en pris, la file d’attente fait 500m ! C’est le temps d’aller se reposer encore 2h avant le départ.

La course

22h30 nous nous présentons enfin sur la ligne de départ. Je vais dans le sas de départ lié à mon niveau Itra et mon numéro de dossard. Ce niveau étant basé sur les performances des 3 dernières années, cela ne reflète malheureusement plus mon niveau actuel, malgré l’entraînement volumineux que je peux avoir.

Magali passe par dessus la barrière pour entrer dans le peloton et Antoine fait le tour pour se placer à l’arrière ! Les places en queue de peloton sont très convoitées, chez ceux que l’on appellent affectueusement « les tortues » ou « véhicules lents », mots accrochés fièrement par Antoine sur sac.

Il y a une belle ambiance et beaucoup de bruit. Un peu trop d’ailleurs. A côté de la sono, je dois me boucher les oreilles pour pas que mes tympans explosent !

Il fait bon mais ce qui nous laisse perplexe car le froid est annoncé et surtout le vent. Certaines tenues vestimentaires de coureurs et coureuses sont très light.

Le départ est enfin donné un peu comme à l’UTMB avec une petite musique qui va bien mais avec moins d’ampleur. On est pas comprimé.

Nous faisons un début de course tranquille chacun de notre côté. Les chemins sont faciles et larges ainsi que peu pentus. C’est monotone et on s’embête ! La nuit est claire et le paysage que l’on commence à distinguer avant le lever du soleil après 5h d’effort est époustouflant. En arrivant au refuge Auronzo a 2320m d’altitude, le vent est glacial. J’ai lâché mes ambitions de course en raison de fortes douleurs aux cuisses mais continue en mode photographe contemplateur malgré le froid. Je savais bien que la prise d’antibiotique pour un problème au genoux la semaine avant la course était incompatible avec un tel effort.

Magali est bien. Antoine descend difficilement en raison d’un syndrome de l’essai glace, ce qui l’obligera à malheureusement abandonner à Landro vers le 57eme km.

Au ravito de Cimabanche du 66eme km, je consulte livetrail et voit que magali n’est qu’à 10mn derrière moi. Je décide de l’attendre et de lui demander de m’aider à terminer.

La course devient une course par équipe ou l’entraide est le maître mot, ce qui nous rappelle la Pierra Menta été ou nos nombreuses virées de longues haleine dont le tour du Ruan.

Nous repartons ensemble pour la deuxième partie, qui paraît-il est la plus jolie.

Effectivement les paysages sont magiques malgré des chemins larges jeepable toujours aussi peu excitants. Au fur et à mesure que nous avançons, nous découvrons des montagnes plus spectaculaires les unes que les autres. On comprend pourquoi les montagnes des Dolomites sont inscrites au patrimoine mondial de l’humanité de l’UNESCO.

Les spectateurs encouragent sur tout le long de l’itinéraire. Il y a bien quelques randonneurs ou via-ferratistes embêtés par tant de gens sur les chemins.

Je peine à suivre Magali dans les montées ou les descentes. Les gens m’encouragent, ayant compris que nous faisions la course ensemble et que c’était grâce à ma femme qui m’encourageait que je tenais ! A un moment, je suis tellement ému que j’en pleure. Ravaler mon égo et n’être que moi est la plus belle récompense que pouvait m’offrir ce Lavaredo Ultra Trail.

Les ravitaillements sont géniaux, surpris d’y voir des gâteaux et des biscottes à la confiture !

La fatigue moral commence à user Magali. Ce n’est pas facile d’aider quand la course elle même est si dure. C’est coûteux en énergie mais nous avons toujours la force d’admirer le monde dans lequel nous passons. Je continue de prendre des photos. J’aide même un coureur, à sa demande, transi de froid et cependant abasourdi par le paysage, à prendre son téléphone pour lui faire une photo puis le ranger.
Magali observe un chamois. Nous nous arrêtons aussi pour admirer des gorges incroyables et les signaler à un anglais qui passait tête baissée. Il nous remerciera.

Ce qui nous surprend également est le nombre de nationalités représentées. L’objectif principal étant d’expérimenté Magali a toutes les paramètres d’un Ultra international dans sa préparation pour son UTMB 2018.

Nous sommes dans la dernière descente lorsque nous faisons une pause vers un point de vue sur Cortina. Un slovaque, sur la même distance que nous, nous propose gentiment de nous prendre en photo.

Nous passons la ligne d’arrivée main dans la main après 19h43 de course.

Magali se classe 26eme femme et 3ème française. François se classe 214eme. Il y avait 1500 coureurs au départ et  1179 personnes ont rejoint la ligne d’arrivée.

Merci Magali

François Lachaux

(Toutes les photos ont été prises par François pendant la course)