« Au dessus des nuages » par Guillaume Abry

Retour sur une belle balade à la Pointe d’Andey et autour des rochers de Leschaux. Nous y avons capturé un peu de chaleur solaire.

Le mois de novembre n’est pas franchement le plus réjouissant de l’année. Les journées sont courtes, le soleil se montre radin, la faute à un brouillard qui impose sa loi. Le moral en prend forcément un coup, l’absence de vitamine D n’aide pas à se sentir en forme.
Le meilleur remède, comme souvent, provient des montagnes. Havres de fraicheur l’été, elles apportent parfois paradoxalement de la chaleur l’hiver, sous l’effet du phénomène d’inversion thermique.
Ce jeudi 15 novembre, la vallée de l’Arve ne verra jamais la lumière. François Lachaux et moi partons en quête de soleil, avec pour objectif de grimper à la Pointe d’Andey, qui domine Bonneville, et ensuite de tourner autour des moins connus rochers de Leschaux.
François est le responsable de Passy Alpirunning, un groupe d’une dizaine de personnes qui se retrouvent chaque mercredi soir pour une sortie entre trail et escalade. A 45 ans, il n’est plus attiré par les compétitions et trouve son plaisir en cherchant constamment de nouveaux itinéraires, sans toujours emprunter les sentiers classiques. Son niveau technique est impressionnant, ainsi que son endurance. Il est un athlète très complet, qui, s’il revenait à la compétition, en surprendrait plus d’un.

Direction la Pointe d’Andey

Nous amorçons notre ascension depuis le Fond d’Andey, où nous dépassons trios chasseurs fort sympathiques. Oui, ça existe ! Il est plus que jamais l’heure de partager la montagne en bonne intelligence, tout en n’occultant pas, évidemment, les tragiques accidents qui écornent l’image des chasseurs.
Nous poursuivons notre effort dans une superbe forêt, dotée d’un sol bien souple. La pente est raide et François ne traîne pas franchement en chemin.
En sortant de la forêt, nous admirons une mer de nuages qui donnerait presque envie d’y plonger. Nous atteignons le sommet via la crête dite des Lanciers. D’en haut, nous dominons toute la vallée de l’Arve. Une imposante statue de la vierge Marie la contemple en notre compagnie. Nous nous sentons indéniablement mieux en haut qu’en bas.
Pour ne pas nous refroidir (nous sommes quand même mi-novembre !), nous descendons sans plus tarder au plateau de Solaison, qui présente la particularité de ne pas bénéficier d’eau potable. Quelques chanceux y possèdent tout de même un chalet.

Direction les rochers de Leschaux

Changement d’ambiance. Le sol est gelé par endroits, la pluie tombée les jours précédents a formé des plauqes de glace, l’herbe a blanchi. Un panneau indique « Falaise de Leschaux ». Nous entamons alors un sentier aérien, qui ne présente cependant pas de difficulté insurmontable. Il faut simplement bien regarder ses pieds. Le site est grandiose. Les falaises se prêtent bien à l’escalade. Des grottes apparaissent çà et là. L’endroit me fait un peu penser au Parmelan ou à la barre rocheuse entre Veyrier et Menthon. Nous faisons face à Sur Cou, Roche Parnal et Sous Dine. Seules les montagnes se dessinent au-dessus des nuages, c’est comme si la civilisation n’existait plus. Le sentier est de moins en moins marqué avant de rejoindre la large piste qui conduit au col de Cenise. Peu de randonneurs doivent emprunter cet itinéraire.
François et moi montons à vive allure au sommet du col, à tel point que des gouttes de sueur perlent sur nos fronts. C’est un réel plaisir de partager des foulées avec un athlète aussi accompli et surtout montagnard dans tout ce que ce terme peut avoir de noble.
Après 1800 m de dénivelée positif, il ne reste plus qu’à dégringoler jusqu’au Thuet (Bonneville), où nous sommes garés. Avec une cheville en piètre état depuis un mois et demi, je redoute l’exercice de la descente, qui n’est déjà habituellement pas mon fort. D’autant que le terrain ressemble à une savonnette à cause des pluies récentes. Nous descendons prudemment et atteignons le Mont-Saxonnex, charmant village niché entre plaine et montagne. Nous finissons sur la route. Si ma cheville est ravie, mes jambes le sont moins, tant les impacts sont traumatisants. Nous arrivons aux voitures après une jolie balade de 29 km et 1850m de dénivelé. Le tout en un peu plus de quatre heures, pauses comprises.
Nous repartons le cœur plus léger affronter le brouillard, avec la satisfaction de lui avoir échappé le temps d’une matinée. Le bien-être né de cette sortie se prolongera, lui, bien plus d’une matinée. Là sont aussi la beauté et la magie des montagnes.

Guillaume Abry

C2C

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